chapitre 1 (à lire avant, évidemment)

Arrivée au bureau, j'ai à peine le temps de poser mes fesses que le téléphone sonne. Putain de vie, putain de téléphone.

- Vermeil-Graphismes-en-tous-genres-que-puis-je-pour-vous ?

- Sacha ? C'est moi, Tim.

- Ah, Tim, salut. Comment tu vas ?

- Bien, bien et toi ?

Je connaissait ce mec comme si je l'avais fait, et j'étais persuadée que ça n'allait pas "bien, bien" justemment !

- Personellement tout va pour le mieux, mais... pour être franche, ta voix ressemble à celle d'un crapaud entrain de se faire disséquer par un énorme scalpel... Que se passe-t-il ?
Un blanc. Tim respirait fort, il inspira profonfondément et lâcha :

- Louis est parti hier soir... D'ailleurs j'ai même essayé de t'appeler tout de suite, mais ta ligne paraissait coupée...

Il semblait sur le point de verser des larmes de rage. J'ai donc d'abord expliqué qu'en effet, ma ligne était en dérangement, au lieu de lui dire que nous avions débranché le fixe pour avoir un peu d'intimité, Ellie et moi. Puis j'ai tenté de le raisonner ("Mais oui, il reviendra, comme la dernière fois !") et essayé de comprendre ce qu'il s'était encore passé ("Comment ça tu l'a traité de tafiote ? T'es trop comique, Tim ! Parceque si lui c'est une tafiote, t'es quoi toi ? Une tarlouze ???"). Au bout de deux heures de communication, j'ai pretexté un rendez-vous pour pouvoir raccrocher. Ce n'est pas que Tim me dérange, non, c'est mon meilleur ami. Mais je suis au bureau, j'ai un tas de travail en retard, et surtout : je dois aller aux toillettes !

Je me suis tout de suite attelée à mon travail, consciente de mon gros retard. Pinceaux, feutres, crayons, pastels.. on n'apercevait plus la table. Je travaillais sur un logo quand Sonia a poussé un hurlement hystérique, me faisant sursauter et renverser trois litres de peinture sur mes planches...

-Ouaaaaaaaaaaaaaaaaaihouhouhou SachaaaaaaaaaaaaaAAAAA !!! Viens vite !

Puisque je n'avais pas le choix... je l'ai rejointe dans son bureau.

- Pffff, qu'est-ce qu'il y'a ?

- Tu ne devinerais jamaAAAAAAis !!!

J'ai marmoné entre mes dents que je n'y tenais pas particulièrement, assez fort pour qu'elle l'entende apparement.

- Qu'a-tu dis ? Oh ! Aucune importance ! Benoit vient de me demander en mariiiiiiAAage !!! (note de moi : ça rend mieux en anglais non ? "He propoOOOOsed !!!" Enfin, j'en sais rien. On s'en fout !)

Mes yeux ont du s'ouvrir tout rond. J'ai réfléchi à ce que j'etais sencée dire... J'ai pris ma voix la plus mielleuse et j'ai essayé de paraître hystérique, m'enfin, le coeur n'y était pas.

- Ouhaooouuuuuuuuuu

- Ouais !!! Regarde ma bague !!!

Elle tourna son écran plat vers moi, et me laissa admirer une "magnifique" bague sertie de diamants roses vulgairissimes. C'était un site de Joiallier, le prix était indiqué en lettres dorées à coté : 9 650€   J'ai blémi.

- Et euuuh, il t'a demandé ça quand ? j'ai fait.

- Là !!! Maintenaaaaaaant ! (reprise des cris hystériques.)

J'ai re-blémi.

- Sur in-ter-net ...? j'ai articulé presque sans voix.

- Ouaaaais ! C'est trop génial, non ? Et tellement romantique !

Son sourire niais n'a pas bougé pendant tout le temps qu'elle me faisait part de cette magnifique aventure. A croire qu'il était fixé au botox. J'ai pris congé, maudissant interieurement Sonia, internet, et les mecs-qui-sont-trop-cons-trop-riches-trop-myopes... Parce que cette fille, c'est pas du n'importe quoi; c'est sûrement la seule nana de toute la ville à se pointer au travail habillée de manière monochrome. Et quand je dis monochrome, je parle pas du noir ou du gris, ça serait pas drôle. Non, non, plutôt du rouge, du jaune moutarde, et même du vert anis quand il pleut; et ça, des chaussures au chapeau (quand chapeau il y a)... Ouais, c'est affligeant. Même dans une boite de graphisme, tout le monde n'est pas à la pointe de la mode !

Le soleil est déjà bas, lorsque je m'engouffre dans le métro. La journée a été longue et sans pause repas. J'aime beaucoup le métro, j'aime y croiser des tas de gens que je ne connais pas. Y faire quelques croquis malgré les regards génés ou curieux. Bien sûr, comme tout le monde, je ne supporte pas le métro en été, quand il est bondé et que tu a le nez collé à l'aisselle de ton voisin (qui, entre nous est bien obligé de se tenir à la barre, le pauvre...). Avant de quitter le bureau, j'ai prévenu Ellie que j'arrivais.

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