Il est tard, je suis dans la salle de bains. Mon visage est éclairé par l'éclat industriel des spots. Je suis nue et j'ai la chair de poule. Comme un chirurgien esthetique, je ne peux pas m'empêcher de me trouver des défauts, insignifiants en apparence, mais qui me semblent monstrueusement grossiers dès que je me penche vers le miroir, le regard inquisiteur : mes lèvres trop plates, ma peau si pâle... Il se pourrait même que ces défauts soient des qualités, et que je ne le sâche jamais. Je reste debout, comme un pantin, comme une autre plus précisemment, à m'observer méticuleusement dans cette paroie glacée. Chaue parcelle de mon corps est analysée, vérifiée, laissée de côté le temps d'en inspecter une autre, puis re-vérifiée... Le tout comme une démonstration de ma non-Perfection... Il y a tant de choses à ...
- Ma puce ? Qu'est-ce que tu fais ? Viens te coucher s'il te plait...
C'est la voix d'Ellie... Je sors de ma torpeur, reprends mes esprits... Le temps reprend sa place. Je suis dans ma salle de bain, nue, et Ellie m'attend.
- J'arrive tout de suite ! je m'entends lui répondre.
Ellie est grande, très grande. Sa teinture noire fatiguée laisse apparaître des racines brunes aux reflets naturels. Elle tient d'un parent très généreux de grands yeux bleus dans lesquels je me noie souvent. C'est la première chose que j'ai vue, dans ce bar. La première chose que j'ai apprise à connaître. La première chose que j'ai aimée, aussi. Ellie, c'est le genre de fille qui ne dit jamais non, mais ce n'est pas une "marie-couche-toi-là" pour autant... C'est le genre de fille que tout le monde admire... Où qu'elle passe, les hommes se font des torticolis dans des tentatives d'approches désespérées, de regards ennamourés... Les femmes, cachées sous le manteau du mépris, la jalousent... Il est vrai que toutes aimeraient être regardées par des inconnus, par leur mari comme cela... Mais, malheureusement pour eux, Ellie n'a jamais vraiment aimé les hommes; sexuellement parlant, évidemment. Toujours est-il que ça fera deux ans qu'elle a choisi de vivre avec moi, plutôt qu'avec une de ces nombreuses filles superbes et voluptueuses qui ont fait partie de sa vie durant cinq minutes, une heure, ou une nuit...
Je la rejoins, me glisse sous les draps qu'elle a déjà tiédis pendant qu'elle me lance un de ces regards qui semblent chargés de reproches. Mais des reproches tendres, des reproches que tu as envie d'étouffer, d'enlacer et d'embrasser à la fois.
- Qu'est-ce que tu faisais ? me glisse-t-elle au creux de l'oreille. Ce souffle contre ma joue est divin. Je la dévisage, elle est magnifique.
- Je pensais.
Un silence s'installe. Nous nous regardons, sans ciller. J'ai comme l'impression que ses yeux implorent que je fasse le premier pas. Le rouge monte à ses joues, l'émotion sans doute, ou peut-être le désir ? Une peur agréable m'envahit alors que doucement j'approche mon doigt de ses lèvres. Je les effleure de gauche à droite, comme pour tracer un sourire; elle plonge ses yeux dans les miens... Mes mains sont avides de son corps, elles carressent, redécouvrent chaque bout de sa peau, chaque vallée, chaque mont... J'approche ma bouche de la sienne et je sens la chaleur monter en moi. Au même moment, ses doigts qui exploraient mon entre-jambe me pénêtrent. Je pousse un gémissement.
Cette nuit là, nous avons fait l'amour comme jamais auparavant. C'est fou ce que j'aimais faire l'amour avec elle ! J'ai bu mon verre de jus d'orange, enfilé ma veste en jean, attrapé mon sac à main (le tout en moins de deux minutes) et j'ai lancé un " Bonne journée chérie ! " tout en sachant pertinament que "chérie" etait sûrement encore dans les bras de morphée.
Ecrit par Coruscante | Précédent | Vendredi 2 Février 2007, 20:04 | Suivant | aucun commentaire | Lire tous les articles