Encore une de ces soirées où. Alcool. Mon corps a déjà beaucoup dansé. Ma tête a déjà implosé. Des matières humaines me frôlent alors que je remue mes jambes comme un pantin désarticulé. Des bras, des jambes, des hanches, des chairs molles. Ou dûres. Cette foule et moi ne faisont qu'un. Cette population agglutinée dans une salle dont la luminosité est rythmée par les flashs lumineux suivant la musique. Bleu. Rouge. Vert. Jaune. Et à nouveau bleu. Ankylosée mais légère comme une plume, portée par cette masse vibrante. Je bouge. La musique, onde de choc penétrant mes tympans. Encore ces corps contre le mien. En moi, le désir s'immisce. Et je sens le reste de la salle frémir avec moi. Des images floues. Une main sur ma hanche. Je me laisse guider par ce membre inconnu posé sur moi, comme une danseuse de tango par son partenaire. Un coktail. Je file entre ses doigts. Bois. Devant un miroir dans une pièce carrelée, je réajuste une mèche, dans ma chevelure trempée. Cernée. Epuisée, une grande lassitude m'envahit. Des filles, des femmes passent dans mon dos, me frôlent. De celles qui portent le teeshirt mouillé comme une robe de soirée, ou de celles qui, dans des morceaux de tissu étriqués, offrent à mon regard perdu bien plus que ce que la morale permettrai. Puis ma silhouette se remet à onduler. Je ressent les vibrations dans chaque parcelle de ma peau. Il me semble même que mon coeur se cale sur le son. Mes cheveux fouettent l'air, les bras en l'air, le dos cambré. Position aguicheuse. Mais cela, je ne m'en rend pas compte, bien sûr. Je danse, je danse, je danse. Comme si dans une minute, une heure, on allait tout m'enlever. Je vis. Bien entendu, la main est revenue peu après. La même, me demanderez vous ? Je ne sais pas. Sur mon sein cette fois. Je ne sais pas si c'est moi, la chaleur augmente et me semble plus étouffante. Ennivrante comme un manque d'oxygène à mon cerveau. Cette main dûre et douce à la fois. Mes reins se frottent à l'inconnu. Aux inconnus. A la foule. Tout me semble si flou. Je préfère danser. Mais ce désir est là, il revient. Plus fort. Le mien et surtout le sien. Tout en dansant, je me sens tirée par le bras. Je bouscule. Ne marche plus vraiment droit. Passe au milieu de tous ces corps en transe, et continue de remuer la tête au son des baffles. Nos deux mains sérrées sont moites. Je sens son regard jeté en arrière qui me transperce, plus que je ne voit. Il me dit "Viens, dépêche toi, j'ai envie de." Où est passée ma raison? Ne me demandez pas.

Je gémis. Luttant pour tenir debout. Déséquilibrée par cette jouissance interdite, et par ces substances qui coulent dans mon sang. L'inconnu est à genoux. Devant moi. Il contrôle tout. Mon désir, ma conscience, ma vie. De là où je suis, je ne vois que ses cheveux. Roux, il me semble. Je ne sais pas vraiment. Sa langue joue avec moi, ma tête bascule en arrière, mes yeux se ferment. Je crie. Mes mains plaquées contres les paroies légères des toilettes en préfabriqué. Ma jupe remontée. La musique étouffée. Mes doigts glissent dans un crissement. Le désir personifié continue d'aller et venir, se foutant royalement de ma gueule, de mes cris. Se foutant surtout des danseurs, qui investissent ces lieux. Sortant et entrant. Ses doigts en moi. Ô jouissance. Ses yeux me dévisagent. Je ne vois que deux pupilles noires encadrées de roux. Je ne soutiens rien. Ni son regard, ni mon corps. Lentement, je glisse jusqu'au sol. Carrelage blanc, froid. Le responsable de mon orgasme est maintenant debout. Me fixe toujours.

Ses grand yeux aux longs cils me murmurent un au revoir alors que le loquet rouge passe au vert.
Partie.



[EDIT : publié aussi sur VOLUPTUA ]

 

 

 

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